
… Pinder c’est aussi une ménagerie car la famille Spiessert a le goût de l’extraordinaire, certes, mais d’abord des animaux, avant celui du cirque. Ce sont eux qui ont eu l’idée les premiers, d’une ménagerie rigoureusement organisée dans l’idée de la faire visiter en entrée payante, comme pour un zoo et donc de créer un centre de profit associé au chapiteau. Pinder, dans les années 50 du temps de sa splendeur est devenu la plus grande ménagerie d’Europe. Le summum c’est alors, la cavalerie avec une vingtaine de chevaux ainsi qu’une douzaine d’éléphants et pour chacun son cornac attitré. De très longues écuries en toile épaisse abritent cette arche de Noé. Par sécurité, les éléphants sont tous attachés à une grosse chaine reliant un pied arrière, à un énorme piquet planté profondément, sinon ils se promèneraient dans la ville. Les pachydermes sont très intelligents, sociables et très curieux, habitués aux humains comme en Inde. En revanche, les Africains sont hostiles, un vrai danger et vivant en brousse. C’est la raison pour laquelle, ils sont absents des pistes de cirque car indomptables. Dans cette immense ménagerie, on découvre aussi des tigres, lions, lamas et zèbres, mais encore des singes de diverses espèces, aigles, otaries, ours, des reptiles, un hippopotame, des autruches. J’en oublie certainement mais on y verra plus tard dans une courte remorque-vivarium vitrée, étendu à plat ventre et la queue molle dans sa pédiluve, un crocodile immobile, hagard et bien patient. Ne réagissant plus à tous ces morveux qui lui tape au carreau, ne montrant plus ses crocs, il rêve à des jours meilleurs. A croquer Odile la soigneuse ? Même plus envie, mais il ne refuserait pas, il est vrai, une petite promotion dans un grand parc aquatique ou mieux encore, une belle ascension sociale : sac à main signé, en vitrine sur les Champs Elysées. Je sais, j’exagère, je raille et je déraille, mais si je suis passionné de cirque, oh si peu, … je sais cependant entendre, voir et penser, tout en restant convaincu que chez Pinder, la maltraitance ‘’active’’ n’a jamais eu sa place. Passive est un autre débat, ce pauvre crocodile en vitrine en est une pâle illustration, un vrai sujet. C’était juste le siècle dernier, un monde différent avec d’autres considérations, avec ses us et coutumes sur le traitement des animaux, comme d’ailleurs pour la bientraitance de certains humains. Chez Pinder, il faut imaginer la place que prend la ménagerie, les besoins et le coût en matériel roulant, le personnel nécessaire et les soigneurs, pour ne pas dire les soignants. Mais Spiessert est très scrupuleux à ne jamais négliger les obligations et besoins en quantité d’eau, en aliments divers et variés et surtout en fraicheur, point crucial non discutable. Tous ses pensionnaires dévorent des centaines de kilos de nourriture chaque jour et boivent autant de litres d’eau. Dans chaque ville étape, cette arche de Noé a besoin d’un ou deux vétérinaires, puisqu’il y a forcément un souci ou plusieurs à gérer tous les jours.